Le dossier de l’instauration d’une grande zone de basses émissions en Wallonie revient régulièrement sur la table. Maintes fois reportée, la mesure devait entrer en vigueur dès le 1er janvier 2025. Mais ça ne sera pas le cas : la ministre de l’Environnement fait marche arrière, même si certaines mesures pourraient tout de même être mises en place.
Le dossier de la mise en place d’une zone de basses émissions (LEZ) en Wallonie revient régulièrement sur la table. L’idée d’une LEZ en Wallonie n’est vraiment pas neuve, car elle date de… 2019 ! Il était prévu qu’elle entre en vigueur dès le 1er janvier 2023 avec le calendrier suivant : Euro I en 2023, Euro 2 en 2024, Euro 3 en 2025, Euro 4 en 2026, Euro 5 en 2028 et Euro 6 en 2030. Sauf que cette législation n’a jamais été mise en place en raison de la non-publication des arrêtés d’application.
Finalement, la mesure a été reportée au 1er janvier 2025, mais à l’approche de la date fatidique, on assiste aujourd’hui à une surprenante marche arrière de la part de la ministre de l’Environnement régionale, Céline Tellier (Ecolo). Pourquoi ? La ministre se base aujourd’hui sur une étude menée par l’Institut Scientifique de Service public (ISSeP) qui la pousse à demander « prochainement » au gouvernement wallon d’abroger l’interdiction généralisée et progressive de circuler des véhicules anciens. Selon Céline Tellier, la mesure d’une immense LEZ (la plus grande d’Europe en fait) n’est pas tenable et il est préférable de travailler par grandes villes.
Pas équitable ?
Ce sont plusieurs dizaines de milliers de voitures qui auraient du être interdites à la circulation d’ici plusieurs années au profit de la qualité de l’air. Mais la ministre de l’Environnement estime aujourd’hui que la mesure n’est pas juste. Interrogée par La Libre, elle indique vouloir remplacer la LEZ wallonne par « par des mesures plus justes, efficaces et ciblées sur les grandes villes. »
Pour la ministre, cette législation imaginée en 2018 ne se justifie pas d’un point de vue environnemental et qu’elle serait plus pertinente sur la question de la qualité de l’air si elle était appliquée au niveau des villes uniquement. La ministre indique aussi qu’il faut rester équitable et juste vis-à-vis des personnes qui vivent en zones rurales et qui disposent de moins d’alternatives à la voiture.
Pour les experts de l’ISSeP, la mise en place d’une zone de basses émissions n’est « efficace que pour un territoire d’une certaine taille critique, comme celui de Liège ou Charleroi. » Et ils enfoncent le clou en expliquant que les dépassements des limites de pollution fixées par l’Union sont extrêmement localisés, jusqu’à l’échelle de rues spécifiques. D’où l’idée d’instaurer les LEZ dans les villes, comme c’est finalement le cas à Bruxelles – qui n’est qu’une grande ville –, à Gand ou à Anvers notamment. Très bien, mais il reste quand même surprenant qu’il ait fallu autant de temps pour mettre sur pied ce type d’analyse qui ne fait d’enfoncer des portes ouvertes. Non ?
Pour la ministre, la mesure initiale est donc disproportionnée et, par sa globalité, elle ne constitue pas une réponse adéquate pour améliorer la qualité de l’air.
Un nouveau décret sera bientôt proposé au gouvernement wallon, et la BEHVA maintient un contact étroit avec le cabinet de la Ministre Tellier afin de défendre les arguments du monde du véhicule ancien.